Plan de l'article
Les fiancés de l’hiver est le 1er tome de la saga « La passe-miroir » écrit par Christelle Dabos. Cette saga n’est pas nouvelle et s’est terminée il y a plusieurs années… Et je me demande pourquoi je ne l’ai pas découverte avant !
Une autrice française
C’est un constat, les auteurs français ont du mal à se faire une place dans le monde de la littérature imaginaire. Beaucoup de maisons d’édition se contentant de traduire les livres à succès. Se faire éditer, c’est un peu la croix et la bannière !
Alors lorsque l’autrice a du succès et qu’en plus elle est française, il est important de le relever. Et force est de constater que Christelle Dabos a une plume. Une plume simple, efficace, concise et drôle. J’ai adoré la simplicité de ses mots tout en donnant à ses personnages une profondeur rare dans un livre.
Je regrette de ne pas l’avoir découverte plus tôt, mais la 4ème de couverture ne m’attirait pas. J’ai eu tort.
Une histoire simple mais efficace
Les fiancées de l’hiver se situe dans un monde imaginaire. Dieu régnait sur le monde et a décidé de le diviser en plusieurs arches, régit par des esprits de famille. Des êtres immortels dont toute l’arche descend (consanguinité bonjour).
Ophélie vit à Anima, où elle gère le musée familial et où les objets sont vivants. Elle est réservée et maladroite mais surtout elle est passe-miroir et liseuse. Elle peut se déplacer à travers les miroirs et « lire » les objets. Un pouvoir qu’elle doit à Artemis, son esprit de famille.
Ophélie vivait une vie relativement paisible jusqu’à ce que les doyennes la force à épouser un sombre inconnu d’une autre arche: le Pôle. Elle fait la connaissance de son fiancé, Thorn, aussi rustre et glacial que l’arche d’où il vient. Elle doit donc le suivre et s’adapter à sa nouvelle vie, à contre-cœur. Le tome 1 se concentre sur son arrivée au Pôle, et surtout comment elle va essayer de rester en vie, puisque visiblement tout le monde veut la mort de « la fiancée de Thorn »…
La valse des anti-héros
Ce que j’aime le plus dans cette saga, c’est que les héros sont des anti-héros. Ophélie est anti-sociale et maladroite, Thorn est bourru et glacial, Berenilde est intéressée et manipulatrice. On est loin du personnage parfait, placé en sauveur.
Mais ce que j’ai le plus apprécié, c’est leur profondeur. Ils ont une première épaisseur, pour certains presque caricatural. Puis, en grattant, apparaît la seconde couche, la plus intéressante. Celle qui fait que l’histoire est prenante et les personnages attachants.
Ophélie n’est pas qu’une rebelle maladroite et paumée. Elle essaye de comprendre et de s’adapter au Pôle. Et elle y arrive plutôt bien, quitte à y perdre son innocence.
« Ophélie n’était bonne qu’à lire. Si on lui retirait ça, il ne restait d’elle qu’une empotée. »
Thorn n’est pas qu’un homme bourru, plein de cicatrices et insensible. On comprend au fil du livre que c’est surtout un homme blessé qui essaye de survivre dans un monde corrompu et de protéger sa fiancée.
« — J’ai tué un homme.
Il avait jeté cela d’un ton nonchalant, comme une banalité, entre deux lampées de soupe. «
Berenilde n’est pas qu’une femme manipulatrice. Cela arrive à la fin du tome, mais lorsque l’on comprend ses blessures et ce que sa famille lui a fait endurer, on a du mal à la détester.
« Ophélie se sentit soudain l’âme d’une brebis jetée entre les pattes d’une lionne. Ses migraines reprirent de plus belle. Elle eut beau essayer de se convaincre que cette douleur n’était pas réelle, que c’était l’esprit de Berenilde qui parasitait le sien, ça lui fit quand même mal. De quoi cette femme la punissait-elle réellement, au fond ? »
Un imaginaire fourni
Si Anima fait un peu penser au monde de Oui-Oui, l’arche du Pôle est pleine de surprises. Le Pôle est une arche faite d’illusions, où tout est faux semblants, jusqu’aux paysages. Le Pôle est une société horizontale, corrompue où tuer pour arriver à ses fins est une chose normale.
Farouk, l’esprit de famille, me fait penser à un dictateur que l’on a volontairement isolé pour mieux le manipuler. Tout tourne autour de lui.
Les histoire de famille sont aussi prenantes. Le Pôle est peuplé par plusieurs familles et ils n’hésitent pas à s’entre-tuer pour prendre le pouvoir.
Alors, je conseille ou pas ?
Oui ! Je me suis d’ailleurs précipitée sur le Tome 2.
J’ai pourtant bien failli décrocher. Ce tome 1 est un peu long au démarrage. Comme beaucoup de saga, l’autrice doit mettre en place son monde et son imaginaire, et cela prend du temps. Une fois le décor posé, le récit devient fluide.
La seconde partie du livre est vraiment intéressante et sans longueur. On va de surprise en surprise, et on se rend compte que les personnages les plus mauvais ne sont souvent pas ceux que l’on croit. La seconde partie du tome 1 m’a donné envie de lire le tome 2: comment va évoluer Ophélie en tant que fiancée de Thorn au sein de la Citacielle, et quel coup bas on va encore leur préparer. Parce que évoluer au sein de la Citacielle c’est comme évoluer au milieu d’une meute de loups…