Les Joies d’en bas: Tout sur le sexe féminin a été écrit par 2 jeunes étudiantes, Ellen Stokken Dahl et Nina Brochmann. Les autrices parlent des femmes, par les femmes et pour les femmes. Et on est surpris de pages en pages. Ce livre répertorie tout ce qu’une femme doit savoir, loin des clichés et des représentation patriarcales que l’on nous impose.
Les joies d’en bas se compose de 5 grandes catégories:
Et on est loin de nos cours d’éducation sexuelle et d' »il était une fois la vie » ! #TeamNéeDansLesAnnées80.
Au fil de ce chapitre, le mythe du genre en prend un sérieux coup, et il est troublant de voir comment les appareils génitaux masculins et féminins se ressemblent. Les autrices décomposent le sexe en 3 parties distinctes :
Savez vous qu’il était possible de naître avec trop ou pas assez de chromosomes sexuels ? Pour moi ça a été une découverte. Savez vous qu’un embryon se développe toujours avec un bas ventre sexuellement neutre ? Et qu’une simple erreur chromosomique peut faire qu’un individu peut être une femme anatomiquement tout en étant un homme génétiquement, et inversement ? Avec les autrices, rangez vos clichés de genre au grenier !
« Jusqu’à environ douze semaines, les embryons de garçons et de filles ont un entrejambe parfaitement identique, dominé par une sorte de mini-pénis (ou de méga-clitoris!) appelé tubercule génital. »
Au passage, on applaudit les déboulonnage des clichés archaïques sur l’hymen.
Ce chapitre aborde ce que la société trouve « dégeu » alors que cela fait partie du quotidien d’une femme. Pourquoi avons-nous des pertes ? Est ce normal ? (Spoil Alert: oui.)
Pourquoi avons nous nos règles et un cycle mensuel ? J’ai d’ailleurs eu la surprise d’apprendre que l’être humain était une des rares espèces à avoir un cycle mensuel. On ne remercie pas notre endomètre.
Les syndromes prémensuels ou SPM pour les intimes sont aussi évoqués. Sur ce point, je n ai pas vraiment apprécié la minimisation de la souffrance que les règles peuvent produire. Lorsque l’on souffre dire « prends un doliprane ou un anti-douleur, ça ira mieux » est très réducteur. De plus, cela ne fait que traiter les symptômes et non la cause. Derrière un SPM peut se cacher une malade invisible ou un dérèglement hormonal. Et ce genre de discours peut être dangereux.
La partie qui traite de la fertilité et à quand tomber enceinte par rapport à son cycle est celle qui m’a le plus captivée. Oubliez vos cours d’éducation sexuelle ! Je suis actuellement en parcours PMA, c’est donc un peu la base de ma problématique et personne ne nous a expliqué le concept de « la fenêtre de fertilité » par exemple… Encore une aberration. (Nous ? oui, mon compagnon est moi. Au dernière nouvelle, on est 2 pour faire un enfant donc mon cycle le concerne autant que moi. CQFD.)
« On part souvent du principe qu’il est important d’avoir un saignement, que c’est sain d’avoir ses règles, mais ce n’est pas le cas. Si nous supprimons l’épaississement manuel de l’endomètre, avoir ses règles n’a plus d’intérêt. »
Le sexe sous toutes les coutures et toutes les formes. En parcourant ce chapitre, j’ai été frappée de voir combien le sexe chez la femme est pourrie d’injonction patriarcale. Un exemple ? Freud a profité de son statut, limite divin, pour décréter, et sans aucune preuve scientifique, que si une femme ne prenait pas son pied, c’était de sa faute. Et que bien évidemment, elle n’avait qu’à travailler sur elle. Tout cela dans le but de déresponsabiliser le mâle sur la qualité de ses performances sous la couette. Freud, on ne le remercie pas.
C’est le chapitre le plus intime de ce livre et par pudeur je ne vais pas m’étaler. Mais croyez moi sur parole, il vaut le détour.
« Sigmund Freud, le père de la psychanalyse, a émis en 1905 une nouvelle hypothèse: l’orgasme clitoridien était, selon lui, la forme d’orgasme de la femme immature. C’était le genre de choses qui devait avoir lieu dans sa chambre de petite fille. […] La distinction entre orgasme vaginal et orgasme clitoridien, et l’élévation de l’orgasme vaginal au rang d’orgasme véritable, est tout simplement une invention masculine moderne. »
Hormonal ou non, comment fonctionne les contraceptions hormonales ? Le fait de prendre une contraception au quotidien et de ne pas savoir comment elle fonctionne ni ce que cela fait sur notre corps est une aberration. Chose réparée avec ce chapitre très technique mais très détaillé. Pourtant, j’ai beaucoup de choses à redire.
La propagande des autrices vis à vis des contraceptions hormonales m’a dérangée. Les effets secondaires sont minimisés et balayés d’un « si ça convient pas, il faut en changer ». Je suis le type de femme qui ne supporte pas la prise d’hormones avec des effets secondaires difficile à vivre au quotidien. Avec cette propagande, je me suis sentie mal à l’aise et peu écoutée.
« Ce n’est pas normal. Imaginez qu’un homme sur dix s’absente de son travail une semaine par mois en raison de douleurs terribles dans les testicules. Ce serait immédiatement déclaré « cause nationale » et ferait partie du programme scolaire. »
Par ailleurs, dans le livre, les autrices certifient qu’il n’existe pas de contraception masculine, alors que si. Il y en a peu, on a peu de recul, c’est peu médiatisé mais il en existe. Vous aurez compris, ce chapitre est certes le plus complet mais son message n’était pas à mon goût.
Le dérèglement hormonal, le SOPK, l’endométriose, les maladies sexuellement transmissibles et autres joyeusetés… Tout y passe et sans tabou !
Ce chapitre est fort intéressant. La partie SOPK (le syndromes des ovaires polykystiques) m’a évidemment intéressée puisque j’en suis atteinte. On applaudit la déculpabilisation vis à vis de l’avortement et des fausses couches. L’avortement est expliqué en détail. Et on apprend que les fausses couches ne sont pas rares, juste tabou. Plus que les autres, ce chapitre casse les tabous.
« Nulle part ailleurs en politique, nous ne trouvons acceptable d’imposer à un citoyen de payer un tel tribut personnel pour satisfaire aux normes morales de la société que quand nous imposons à une femme de porter un enfant qu’elle ne désire pas.
L’infertilité est survolée et le parcours PMA n’est même pas évoqué. Et c’est dommage parce que ce sujet aussi souffre de tabou. On trouve peu d’informations et il aurait eu sa place dans ce chapitre.
Certes, on vit dans une société patriarcale où le pouvoir de l’homme prédomine sur celui de la femme. Mais le livre insiste beaucoup trop dessus. Pourtant, je me considère comme féministe, mais même pour moi, ça fait beaucoup. Il n’y a qu’à voir les citations qui jonchent cet article pour se faire une idée.
Ok, c’est un livre ciblé sur les femmes, mais on a souvent l’impression que les hommes ne sont pas les bienvenus. Or, ce livre peut aussi intéresser les hommes qui cherchent à se remettre en question. Surtout que quand on parle de joies d’en bas, parfois (au moins dans une relation hétérosexuelle) l’homme est aussi concerné, or là il est occulté. Et c’est dommage.
Je l’ai déjà évoquée mais la propagande sur la contraception hormonale. Je comprends que les autrices souhaitent éviter des grossesses indésirées mais au point d’en minimiser ses effets secondaires et ses dangers, non.
Dernier point, certains sujets manquent à l’appel et ils auraient bien besoin d’être décomplexés. Tous ses sujets sont aussi tabous que mal compris: la contraception masculine, les conséquences de l’infertilité pour la femme et le couple, le parcours PMA, le choix de certaines femmes de ne pas vouloir d’enfants…
Les 4 raisons qui me font aimer et conseiller ce livre:
Et pour cette citation qui m’a fait hurler de rires: « Une description très ancienne (et drôle) de serviette hygiénique nous vient d’une histoire concernant la première mathématicienne connue. Hypatie d’Alexandrie, qui vivait aux alentours de 400 après Jésus-Christ, aurait voulu décourager un admirateur trop insistant en lui jetant son chiffon sanglant à la figure. L’histoire ne dit pas si la démarche a eu l’effet escompté. »
Ce livre est une bible à toutes jeunes filles qui souhaiteraient découvrir son corps. Il décomplexe le sexe, les clichés imposés par une société sexiste et patriarcale. Même si on est à l’aise avec son corps, on apprend beaucoup de choses, voire on remet en question certains acquis.
Les autrices semblent un peu (trop ?) jeunes. J’espère une mise à jour de ce livre, d’ici quelques années. Il n’est pas parfait, certes, mais il a le mérite d’exister.
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