Plan de l'article
Etre surdoué, c’est ressentir les choses différemment. Loin du cliché que les médias, et parfois les professionnels s’en font. Un surdoué doit apprendre à avancer avec sa différence et gérer ce sentiment de décalage.
L’hypersensibilité des surdoués ou la bienveillance comme moteur
On caricature souvent le surdoué comme un être sûr de lui, antipathique et qui refuse toute remise en question. Or, comme je l’explique dans mon tout premier article sur la surdouance, un zèbre est la plupart du tempsun hypersensible. Une sensibilité qui varie selon le caractère et l’histoire de vie de la personne mais commune. A rajouter à cela, un sentiment de décalage, que la sensibilité va fragiliser, et qui est compliqué à gérer.
Le secret ?La bienveillance. Le regard des autres peut-être terrible si il est négatif, et peut brider un surdoué, surtout si il n’est pas diagnostiqué à temps. Un zèbre a la faculté de se fondre dans le décor pour ne pas se faire remarquer. L’animal comme la personne.
Si je me prends en exemple, je n’ai rien de l’image d’une surdouée. En société, si je me sens en décalage, je suis un carnage ! Je peux vite devenir gauche voire maladroite, au point de passer pour une demeurée. Pourtant, avec des gens bienveillants autour de moi, je suis tout le contraire.
Alors pour qu’un zèbre s’ouvre et révèle son potentiel, il a besoin de se sentir compris dans ces zèbrures et encouragé. Une méthode d’apprentissage et d’épanouissement aux antipodes du monde de l’école et du travail, où l’on nous apprend la compétition et l’uniformité. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle un surdoué décroche souvent de l’école ou rencontre des problèmes professionnels.
La différence qui pousse au harcèlement
Il est fréquent qu’un zèbre ne soit pas adapté au milieu scolaire ou du travail. Il est « bizarre » parce qu’il n’a pas les mêmes passions et réponds « à côté » aux questions . Il est « lèche-botte » parce qu’il répond lève trop la main ou a de bonnes notes. Il est « trop ambitieux » parce qu’il bosse trop vite. Il est « insolent » parce qu’il ne peut s’empêcher de donner des idées ou des pistes d’amélioration. Il va « trop vite » et il « fout la trouille » en amour parce qu’il donne tout de suite, sans filtre. Bref, il en fait trop. Et pour toutes ces raisons, il est souvent la cible de harcèlement.
Peut-être parce que je suis une ancienne victime, mais je pense que les personnes harcelées ne le sont, pas parce qu’elles sont plus faibles. Surdoués ou non. Tous les zèbres ne sont pas des harcelés et inversement. Je pense que les personnes harcelées le sont parce qu’elles sont exceptionnelles. Au sens pur et premier du terme, sans aucun jugement de valeur. Je ne dis pas que ce sont des gens géniaux, non, je pense juste qu’ils ont en eux, quelque chose qui fait peur aux autres. Que les harceleurs ont vu en elle quelque chose qui les dépassait et pour que cela n’arrive pas, ils la tirent vers le bas. Ce n’est que mon interprétation. Mais pourquoi s’amuser à la détruire si ce n’est pas le cas ? Une personne faible, on ne la harcèle pas, on la laisse crever dans son coin.
Pour ces raisons, un surdoué, diagnostiqué ou non, est souvent le harcelé à l’école comme au travail. Et que cela peut être désastreux si il ne trouve pas un entourage bienveillant autour de lui. Cela peut aller jusqu’à la phobie scolaire ou la désocialisation.
Ma définition de la résilience
Depuis l’écriture de mon article, j’ai été contacté par beaucoup de personnes et beaucoup étaient en souffrance. Chose terrible à voir parce que j’ai été dans leur cas.
J’ai été la petite fille harcelée car « agaçante ». On m’attendait à la fin des cours pour me suivre jusque chez moi en m’insultant et me frappant, parce que c’était drôle. On crachait sur ma copie parce que j’avais de bonnes notes. Je me cachais dans les chiottes pendant les récrés pour être tranquille, spécialement les jours de conseil de classe. J’ai fini par décrocher par ennui et pour rentrer dans le moule. Le moindre compliment me rendait mal à l’aise et me foutait la peur au ventre des représailles.
J’ai été la collègue aux passions « bizarres » qui n’a rien à dire pendant les pauses dej. J’ai été celle que des collègues ont essayé de faire licencier parce qu’elle bossait trop bien. J’ai été celle qui voyait ses collègues rigoler en levant les yeux au ciel dès qu’elle émettait l’ombre d’une prémisse d’une idée. J’ai été la collègue dévalorisée par son responsable parce que les capacités lui foutaient la trouille.
Ce genre de situation m’arrive et m’arrivera encore. Et face à cela, j’ai appris la résilience.
Se résilier n’est pas subir
C’est un terme assez flou mais moi je le définis comme le fait d’accepter une situation telle qu’elle est pour mieux la contrôler. Mais la résilience n’est en rien subir. C’est faire preuve de clairvoyance, connaître parfaitement la situation pour changer son comportement ou mieux gérer le harcèlement dont on est victime. Je dis souvent que la résilience est la notion de « faire avec », au lieu de « faire contre »
Se résilier pour ne pas s’épuiser
Le raisonnement est simple, on ne pourra jamais changer la société et les mentalités, nous seul, c’est un combat perdu d’avance. Alors autant en faire partie pour mieux la changer de l’intérieur. Parce que « faire contre » est épuisant physiquement, mentalement et émotionnellement. On s’épuise, pardon de le dire… pour rien ! Et on finit par se perdre. Pourquoi, parce que l’on cultive que des ressentis et de la négativité, et que cela nous tire vers le bas.
Se résilier pour mieux se trouver
Et on en vient à un point très important. Se connaître. Lorsque l’on a passé son temps à se faire renvoyer ses émotions, ses bizarreries, ses attitudes, il est difficile de se construire. Mettre des mots sur sa surdouance apaise même si cela ne règle en rien les problèmes. Savoir ce que l’on est permet de s’accepter, d’assumer ses zèbrures et ses émotions. Et surtout, de faire confiance à nos propres ressources souvent bien plus présentes que l’on ne pense. Une fois ce travail fait, il sera plus difficile aux autres de nous blesser et de nous déstabiliser.
On est des hypersensibles alors cela nous touchera toujours mais en acceptant ses émotions, on les gère mieux. En bref, ma définition de la résilience, c’est accepter qui l’on est, accepter nos zèbrures et faire avec. C’est lâcher prise sur ce que nous ne pouvons pas contrôler.
Je ne vais pas le nier, ce n’est pas chose facile, pour nous qui aimons tout contrôler et tout idéaliser. J’ai moi-même souvent bien du mal à appliquer mes propres conseils. Mais j’y travaille, je ne me focalise plus sur l’injustice et le négatif lorsque je sais que je ne peux rien y faire. Mon alerte ? Lorsque je sens que je ne me respecte plus et que je n’arrive plus à me protéger. Je sais qu’à ce moment, il me faut agir. Soit j’arrive à faire avec, soit je pars en courant, sans me retourner et sans aucun regret. Pour finir, je vais laisser ici une citation d’Albert Einstein, qui en une phrase, a réussi à résumer tout le propos de mon article !
Sympa, tout ca montre un fond d’energie qui te permet de rester a flot. Excellente citation!
Quand il n’y a plus cette energie, quand la fuite est impossible…