Geek, ce terme est dans toutes les bouches. On l’utilise souvent à tort et c’est devenu un prétexte marketing. Bref, le geek est à la mode mais en fait: c’est quoi un geek ?
Je dois avouer, au pays des geek, je suis une Noob. Beaucoup pensent que je suis tombé dedans étant petite alors que non, j’ai longtemps regardé ce monde de loin, avec envie mais il me paraissait inaccessible. Je n’avais pas la dernière console à la mode, je n’ai eu Internet que tard: c’était pas gagné ! Alors oui, Internet me fascinait, je lisais des mangas, j’étais un peu gameuse et profondément rêveuse. Et à l’époque, 90% de mon temps et de mes pensées passaient dans le théâtre et l’écriture. Alors pourquoi, un jour, j’ai sauté le pas ? Par amour…
A l’époque, j’étais avec un garçon qui bossait dans l’audiovisuel et geek. J’en avais marre de rien grailler à ce qu’il me racontait alors je suis rentré dans son monde, pour le comprendre. J’ai découvert le fantastique, et surtout ce qui m’a mis le pied à l’étrier: le blog. Mes écrits ont arrêtés de noircir mes cahiers pour remplir ceux d’une plateforme de blog (Coucou Overblog!). De manière anonyme, cachée derrière mon écran, par pudeur, par peur, un peu par honte, je voulais les confronter à la Toile. Pour voir. A ma surprise, cela a été bien accueilli, alors pendant de longues années, je me suis rodée : j’ai appris l’écriture web, à tenir un blog, à soigner son référencement. Je respirais web, je mangeais web, je parlais web…
Jusqu’en 2012, où j’ai pris ma décision: ce sera mon métier ! J’ai ouvert Book’n Geek et j’ai appris en autodidacte beaucoup de choses. Une fois mes limites atteintes, j’ai repris mes études en 2014 : 2 ans après, me voilà certifiée en chef de projet et webmarketing ! #AppelezMoiHermione
Autour de moi, je me sentais un peu seule. Je parlais de blog, on me parlait de Skyblog kikoolol. Ils n’y comprenaient rien et étaient plein de préjugés. J’étais la geekette gentille mais bizarre qui vit dans un monde imaginaire et certains aimaient s’en moquer. Moi, ce monde, je le trouvais génial, plein d’imagination et de personnes aussi passionnés que moi. Un monde fait de partage et de liberté puisque oui, à l’époque, on ne gagnait pas de l’argent avec Internet. J’étais LA référence de mon entourage « Nathalie, je crois que mon ex me stalke, tu sais comment je peux le savoir? » « Nathalie, mon écran est devenu bleu, tu sais pourquoi? » « Nathalie, comment ça marche Facebook? ». Le geek avait une image de ringard et de nerd : c’était pas gagné !
Jusqu’en 2014, je me fais débaucher pour écrire sur le webzine JustFocus dans la section Culture Web. Je suis seule dans ma catégorie (encore!), alors je la fais vivre, avec passion. Mais je ne me trouvais pas légitime. Cette même année, je couvre les Geekopolis et là j’interviewe François Descraques ! Poussé par un rédacteur qui m’accompagnait, on demande une interview au producteur, il n’a que très peu de temps, je n’y crois pas. François Descraques est, à mes yeux, le réalisateur de demain, j’en suis fan, son talent me fascine et il était inaccessible alors pourquoi me donnerait-il de son temps ? On arrive sur le stand, et là je vois le producteur me faire signe de passer derrière les barrières (« Quoi? Mais c’est pas possible! ») et je me trouve nez à nez avec François Descraques. Je deviens rouge, je tremble, François me voit débutante et m’aide à m’installer, très à l’écoute, l’interview se passe à merveille. J’ai les yeux qui pétillent, les papillons dans le ventre, l’inimaginable est arrivé. Je retourne voir le producteur pour le remercier et lui demander « Pourquoi moi? Je n’avais jamais fait d’interview, je suis nouvelle dans le milieu… »
Sa réponse m’a retournée le cerveau: « Je t’ai choisi toi plutôt que d’autres webzines connus parce que tu es passionnée, ça se voit et ça a fait la différence… ». Je me suis sentie légitimisée. Après ça, j’ai arrêté de douter et j’ai pris les devants: interview de Bruce Benamran, micro-interviews de Simon Astier, Flober, Raphaël Descraques; et partenariats JustFocus avec des webséries en devenir (qui maintenant ont une vrai communauté et multiplient les prix parfois même internationaux #proud)…
J’ai écumé le web à la recherche de webcréation à mettre en avant. Je n’écrivais que sur la Culture Web et c’est ce qui m’a poussée il y a 2 ans à reprendre mes études. Pour faire de ma passion, mon métier.
Alors stop aux préjugés. Non, passer son temps sur Facebook ou Snapchat, non jouer à Candy Cruch ne fait pas de toi un geek ! Un Smartphone addict et compulsif, à la limite mais pas un geek.
Un geek ne cède pas à une tendance à la mode même si celui-ci se trouve dans son milieu. Un geek est un passionné, très calé sur son domaine, et qui vit à travers lui. Ce peut-être la technologie, le jeu-vidéo, le fantastique… Moi, c’est la webcréation ! Je lui voue un amour inconditionnel et je reste persuadée que la webcréation est le média de demain. Et qu’il doit se préserver pour ne pas finir, comme peut l’être la TV, un média qui perd sa liberté. Je reste persuadée qu’Internet est un moyen de communication ultra puissant et qu’il va falloir apprendre à le contrôler tout en lui laissant sa liberté de ton qui le caractérise depuis sa naissance. Le web a été crée, à la base, pour partager ses connaissances. Il a été démocratisé mais je me refuse de le voir perdre son intention première ! Je reste persuadée qu’Internet n’est pas une tendance mais que cela ne fait que commencer et qu’en tant que « webineuse créatrice et activiste », c’est mon rôle de montrer, à mon minuscule niveau, le chemin à prendre. Le web, j’aime profondément ça !
Et cela m’ouvre à d’autres domaines, je rêverais d’avoir le temps et les moyens pour jouer au prochain Uncharted (mais bon 400€ la PS4 quoi!), je rêverais qu’on me propose une partie de Jeu de rôle, je rêverais de pouvoir écumer toutes les conventions geek de France. Alors, oui, le geek is the new chic, il est tendance, il ne passe plus pour un ringard . Mais si pour certains c’est un effet de mode, pas pour le passionné qui lui évolue avec depuis des années et a même parfois hâte que cette mode s’essouffle pour retrouver la vrai Culture Geek sans la galvauder.
Parce que j’ai osé demander à Simon Astier, François & Raphaël Descraques ainsi que Flober sa vision des choses. La réponse est sensiblement la même : « Un geek, c’est un passionné très calé dans son domaine »
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